LA VIE RELIGIEUSE

La vie religieuse de la commune se déroulait en trois églises: celle de Biberkirch qui était la paroisse, celle de Troisfontaines et la Chapelle église de Vallérysthal.

 

L'Eglise de Biberkirch.

Le plus ancien acte prouvant que Biberkirch possédait une église date du 30 juin 847 et a été établi à Hermelange. L'évêque Lantfried fit don au couvent de Wissembourg d'une série de possessions dans la région de Sarrebourg, entre autre l'église de Biberkirch. L'acte dit "Bibera uilla illa eclesia", ce qui correspond au français "Bièvre l'église" d'où sortit le nom de Biberkirch. Ce don a été fait contre un intérêt de 20 solidi payable à la St.Martin.

Nous ne savons naturellement rien sur cette église, en quoi elle a été construite, en dur ou en bois, ni où elle se trouvait exactement.

Il est fort possible qu'il s'agisse de celle dont les traces se retrouvent au Brantweinthal et qui a aussi fourni un Christ en morceaux. En plus on y a déterré deux statues de St.Pierre et St. Nicolas. Elles ont été rénovées par le menuisier Joseph Koestler de Biberkirch.

En 1361 Bibera est encore mentionné comme paroisse. De l'église de cette époque il n'existe plus que la tour.

Dans le mémoire pour la reconstruction de l'église en 1719, il est mentionné que l'église de Biberkirch était ruinée et désuète selon toute apparence depuis plusieurs siècles." Il y avait des arbres dans le cimetière aussi gros que dans les forêts du voisinage et même dans la nef. Il n'y avait plus que ruines de murailles. La tour était encore dans son entier jusqu'aux fenêtres d'en haut en pierres taillées in quadro. La voûte était enfoncée. Le choeur avait été ci-devant voûté, les piliers étaient encore aux quatre quarts en dedans du dit choeur dont on a laissé les bases. On a trouvé dans les ruines la pierre des fonds d'une grandeur extraordinaire. La dite église avait été incendiée, selon qu'il paraissait au portail et à la tour."

Les habitants de Biberkirch et de la verrerie de Troisfontaines décidèrent en 1719 de reconstruire l'église. Les frais étaient couverts par: -les habitants de Biberkirch pour un quart

-les habitants de la verrerie pour un quart

-le sieur Remy Maire curé de Abreschviller et de Voyer

pour l'autre moitié.

La visite d'église par l'archiprêtre de Sarrebourg en 1714 nous dit que 8 manants de Biberkirch suivaient le culte à Voyer à cause de la langue française et 15 de Biberkirch (Troisfontaines) à Walscheid à cause de la langue allemande. Mais Walscheid se plaignit car ces derniers refusaient de fournir leur quote part du luminaire et d'autres choses nécessaires à l'entretien de l'église comme aussi celui des maîtres d'école ce qui paraissait absolument injuste. La même réclamation venait de Voyer. En 1719 Biberkirch faisait partie de la paroisse de Brouderdorf. Les habitants y contrebattirent par des corvées.

Le nouveau bâtiment a été entièrement construit sur les anciennes fondations de la longueur de 54 pieds sur une largeur de 33, la nef et le choeur de 26 pieds sur une largeur de 22 pieds.

La tour est restée telle qu'elle était, mais on y a rétabli la voûte, les dessus de fenêtres qui étaient ruinées. On y a ajouté une sacristie.

De l'ancien bâtiment il n'est resté que la tour avec son portail, le fond de la piscine et la fenêtre sur le jubé qui provenait de l'ancien bâtiment.

L'évêque a offert le calice avec la patine et l'autel de marbre. Mme Anne Marie Pierron a donné le ciboire, les six chandeliers de cuivre, les deux autels collatéraux avec les tableaux, deux nappes d'autel et elle a payé le façonnage de la chaire et le façonnage de l'armoire de la sacristie. Le grand autel, la chasuble noire et celle de couleur ont été payés par les habitants de Hartzviller. François Gury dit le boulanger a donné le graduel et antiphonaire et M.André Bick, marchand de verre de Nancy, a donné la bannière rouge. Simon Pellusier a donné les vases et la figure de St.Simon.

Il est à noter que les Seigneurs de Lutzelbourg ont refusé de donner le bois de bâtiment qui a dû être acheté dans les forêts de Dabo.

L'église a été bénite le 10.2.1721 par le curé Weber de Brouderdorf et de Biberkirch avec la permission de l'évêque.

En 1733 Biberkirch devint paroisse avec Hartzviller et Troisfontaines comme filiales. En 1730 le curé Weber a inauguré et béni les deux cloches:

-la grosse pesant 400 livres le 30 juillet

-la petite pesant 218 livres le 1er octobre.

Elles ont été fondues à Sarrebourg par Edel et financées par les habitants de Biberkirch, Hartzviller et Troisfontaines et 46 autres personnes charitables.

Le 11 octobre 1789 le curé Corringer a beni la petite cloche de 175 Kgs. Le texte sur cette cloche dit :" Matthaeus Edel zu Strasburg gos mich den Gemeinden Bieberkirch Hartzweiller und Dreybrunnen als Herr Koringer Pfarrherr war 1789, (rosette). L'inscription se trouve entre deux filets, sur le filet supérieur une frise d'acanthes stylisées; au-dessus, entre deux torsades, un bandeau de feuilles stylisées avec des coupes remplies de fruits que picorent des oiseaux; lettres de 18 m/m.

Sur le vase, on aperçoit un calvaire: le Christ est nimbé, de même que Marie. Placée sur une tête d'ange ailée comme console, elle a les yeux baissés et les mains jointes. On voit aussi Saint Nicolas, patron de la paroisse, genre Edel, et Saint Simon apôtre, les mains étendues, accompagné de la scie, instrument de son martyre.

Au-dessus de la pince, le faisceau de cinq filets; au plus bas, entre deux filets, une chaîne, ornement caractéristique des cloches fondues par la maison Edel. Battant ancien.

Cette cloche a une histoire spéciale. A la Grande Révolution elle fut confisquée et resta plus ou moins ignorée dans un dépôt quelconque du chef-lieu du département. 90 ans plus tard, le 26 juillet 1881, parut dans un journal de Coblence un petit article daté de Metz qui apprit au public qu'à l'arsenal de cette ville, où elle servait à annoncer le commencement et la fin du travail, on conservait une cloche fondue en 1789 pour les trois communes lorraines de Biberkich, Hartzviller et Troisfontaines. M.Matt curé et les deux maires s'adressèrent au Statthalter le baron de Manteufel pour obtenir cette cloche.

La cloche fut retournée et arriva à Biberkirch le 16 octobre 1881, saluée par toutes les cloches de la vallée. C'était la raison pour l'exempter de la confiscation en 1917.

En 1810, en remplacement de la cloche confisquée à la révolution, une nouvelle cloche fut fondue. Son inscription est la suivante sur deux lignes " (main) Fondue en 1810, refondue en 1859 par les offrandes des fidèles de Biberkirch et Troisfontaines et (deux traits obligés) dédiée de nouveau à St Nicolas Patron de la Paroisse, j'ai été bénite par Antoine Amerein "Curé" .

Une cloche de 176 Kgs sortant de la fonderie de Mr. Gommel François de Metz et répondant en si nature diapason de Pairs a été bénite solennellement le 11 décembre 1881, troisième dimanche de l'avant, jour de la fête patronale de la paroisse de Biberkirch, dans l'après midi par Mr. Faust, curé archiprêtre de Sarrebourg assisté par M. Clément curé de Hartzviller et Clément curé de Plaine de Walsch.

Cette nouvelle cloche, la troisième par ordre de grandeur, a été placée sous le patronage de St. Nicolas patron de la paroisse. Elle a eu comme parrain M. Rhald, maire de Biberkirch et pour marraine Marie Aimé Wacker, épouse de Balthazard Marbre maire de Troisfontaines d'une part et de l'autre Nicolas Robinet, président du Conseil de Fabrique et Madeleine Billmann épouse de Gaspard Bournique, trésorier du Conseil Fabrique.

Une cloche de 179,5 kgs a été bénite par le curé de Biberkirch le 10 mai 1891 délégué par l'archiprêtre M. Kuchly de Sarrebourg. Elle a été refondue pour cause de fêlure par la fonderie de M.M. Bour-Guerre de Metz et répondant au diapason de Pairs. Cette cloche est la troisième par rang de grandeur, et a été placée sous le patronage de St.Joseph patron de l'église universelle. Le parrain était Gaspard Henriot, le plus âgé des hommes de la paroisse, et la marraine était Marie Claire, veuve Temstadt, la plus âgée des femmes de la paroisse.

Les cloches de Biberkirch furent confisquées en 1917. En 1920 elle furent remplacées par trois nouvelles cloches sous le curé Hoffmann. Elles ont été fondues par F. et A. Consard à Colmar en 1920.

 

Des extraits des registres paroissiaux de Biberkirch nous donnent quelques indications sur la situation des bâtiments de la paroisse avant la révolution:

A la charge de la commune éventuellement:

- BHT. - grosses réparations de la maison de cure

- bancs , confessionnaux, autels, pavés de l'église

- Tour, cloches et cordages.

dont sont chargés les comptes de B.H.T.

Etat de 1788: La tour est en bon état, les bancs et les pavés sont délabrés, la maison de cure est en bon état.

22.2.89: Depuis 60 ans on a un curé à titre perpétuel.

Messe solennelle le 14 juillet 1790

31 janvier 1791 Corringer déclare être intentionné de prêter serment à la Constitution V.O. note de "Hartzviller".

24 AVRIL 1792: Très mauvais état de la toiture du presbytère

Eglise: Les bancs sont tous cassés et brisés, le passé de même, les murs du cimetière renversés, pas de portes, tous les bestiaux peuvent y rentrer, surtout les porcs qui se trouvent comme dans les champs.

Temple de raison en 1793, on y fait l'adjudication de la place de garde champêtre. le Presbytère tient lieu de maison commune et d'instruction, le jardin donné en location, et le presbytère habité par un infirme chargé de la surveillance.

Le 8.12.1834 le curé signale le mauvais état de l'église, surtout de la charpente.

Le plan d'une nouvelle église fut dressé par M. Gérard architecte de Sarrebourg. Le prix total était prévu à 16.653,-Frs.

Une souscription volontaire donna 1502 frs.

La commune engagea un crédit de 6000,-frs

En 1836 une nouvelle église fut construite sous le curé Amerein. Le 1 avril 1836 on a commencé à démolir la vielle église et le 6 mai 1836 la première pierre de la nouvelle église a été posée.

Le 31 mai le curé a béni et posé la première pierre angulaire marquée par les lettres suivantes: J.B.N.M. , N.W.M., A.A.C., E.G.E., 1836 sous laquelle on a mis avec une petite pièce d'argent un écrit en latin.

Le 23 octobre 1836 la première messe a été célébrée dans la nouvelle église qui n'avait que quatre murs et la toiture. Tout l'hiver les messes ont ainsi eu lieu.

La bénédiction de l'église se déroula le 13 septembre 1837 par M. Poirot vicaire général de Mgr. de Forbin Janson évêque du diocèse de Nancy et de Toul.

Le paiement a eu lieu en partie sur des fonds accordés par le Gouvernement de Louis Philippe, par la caisse municipale de Biberkirch et de Troisfontaines et en partie par des dons volontaires des habitants.

L'architecte était M. Gérard.

Les 3.8.1888 le presbytère fut reconstruit par un entrepreneur de Niderviller. Ce bâtiment fut restauré en 1895 et muni d'un 1er étage, le rez de chaussé étant trop humide.

Les autels étaient en plâtre et furent remplacés en 1885 par deux autres en bois de chêne sculpté provenant de la Chartreuse de Rettel.

L'Orgue de Biberkirch.

Les détails de cet orgue nous sont fournis par les études ""Les orgues de la Moselle" et "L'orgue Wegmann de Biberkich de Meyer Siat".

Le facteur d'orgues Georges Wegmann livra à Biberkirch l'un de ses premiers ouvrages et le premier de ses instruments en Moselle. Cette opportunité de se faire connaître en Lorraine lui fut donnée par une commande privée, puisque c'est le curé de la paroisse, l'abbé Amerein, qui paya entièrement les 2000F prévus par le marché du 17 novembre 1837. Lors de la séance du 11.2.1838, le conseil de fabrique donna son accord à l'installation de cet orgue privé sans charges pour la commune. Si la fabrique décidait ultérieurement d'en faire l'acquisition, l'abbé Amerein était disposé à le céder pour le prix de 1400F.

L'orgue fut sans doute installé en 1838. Les comptes paroissiaux de 1842 donnent 100F à l'organiste.

En réponse au questionnaire envoyé en 1842 par l'évêché de Nancy, le curé répondit "il y a un jeu d'orgue à clavier de 2000F que le curé a fait mettre a ses propres frais. Il aurait besoin de quelques petites réparations et d'une augmentation, mais comme les frais de réparation

Appartiennent au curé aussi bien que la propriété de l'orgue lui-même, il les aurait déjà fait faire s'il avait pu avoir le facteur et si ce qui est plus est, si les fonds ne lui manquaient pas.

Le 8.1.1854, la propriété de l'orgue passa à la fabrique, qui, en sa séance d'octobre 1889, dit que la somme de 582,48 Mk restait encore due pour de l'orgue acheté en 1853.

Le 25 novembre 1860, l'abbé Jean Hector succéda au curé Amerein. En la sénce du conseil de Quasimodo 1866, il est question d'une réparation de l'orgue pour 550F.

Un projet de nettoyage, envoyé en 1864 par les frères Wetzel ne devait pas aboutir. La réparation qui fut payée 550Fr en 1866 ne semble pas avoir été confiée aux Wetzel, mais plus probablement à Jean-Nicolas Hesse à qui l'on peut attribuer l'actuel Salicional 8, ancienne Gamba4.

Après 70 ans d'existence, l'orgue Wegmann fut reconstruite en 1909 par la maison Dalstein- Haepfner, qui ne réutilisa que le buffet, les tuyaux de façade et deux jeux intérieurs. Les tuyaux de façade furent recouvert d'une peinture aluminium, ce qui leur valut de passer pour des tuyaux de zinc en 1917 et d'échapper à la réquisition. La dernière réparation importante remonte à 1950 et fut effectuée par Haepfner-Ermann.

 

Le curé Isch signale qu'en 1909 (à cette époque il n'y a pas d'inscriptions au registre) l'orgue fut révisé et modernisé ("überholt und modernisiert durch Einbau der pneumatischen Traktur") par Haepfner de Boulay.Le 5.7.1925, le conseil note la pose d'une soufflerie électrique pour 3500Fr.

 

 

 

 

Le buffet.

La boiserie affiche un style baroque assez élégant, sans équivalent connu chez Wegmann, même si la structure générale se retrouve à Fénétrange et à Schalkendorf (Bas-Rhin). La partie Wegmann est en chêne, les ajouts de Dalstein- Haepfner sont en sapin. Les plafonds et panneaux arrière ont disparu. L'ancienne fenêtre des claviers a été remplacée par un panneau.

Les tuyaux de façade sont particulièrement intéressants, remontant encore à Wegmann. Recouverts de peinture aluminium ils semblent être en zinc mais sont bel et bien et étain. A l arrière, on constate que les larges encoches d'accord de Wegmann ont été ressoudées par Dalstein-Haepfner et remplacées par des entailles de timbre. Les écussons sont comme à Fénétrange, en plein cintre dans les tourelles et en triangle dans les plates-faces.

Haepfner a placé une console indépendante dirigée vers l'avant, avec crescendo, à 65cm devant le massif.

La console en chêne porte une plaque indiquant:

Danstein-Haepfner , Orgelbau Anstalt, Bolchen Loth.

 

En 1944, les autorités allemandes diffusèrent en Moselle un questionnaire sur les orgues. Le 21 mai 1944, le curé Isch répondit à ce questionnaire. Il y signala la provenance de Wegmann et donna la composition à cette date:

GO 8 jeux

Principal 8' Bourdon 16' Salicional 8'

Praestant 4' Bourdon 8' Flûte 8'

Doublette 2' Rohrflöte 4'

Récit

expressif 7 jeux

Bourdon 8' Flûte harm. 8'

Flûte octaviante 4' Gamba 8'

Mixtur-cornet 2 2/3 Voix céleste 8'

Pédale

27 notes 3 jeux:

Oktavbass 8' Subbass 16' Violonbass 16'

 

Les autels latéraux

Les autels latéraux de l'église de Biberkirch sont d'une valeur inestimable, surtout celui de droite. Ils sont en bois de peuplier style Louis XV. Ils ont été façonnés à Rethel dans les Ardennes aux environs de 1730 et ont été installés à Biberkirch dans les années qui suivirent la Révolution.

Un des autels représente une scène de la nativité, l'autre la visite des rois mages. Les colonnes de ces deux autels sont en style torsadé. Les motifs d'incrustation sont taillés à même la masse.

La rénovation de ces deux autels a été effectuée par M.Kling de Haguenau. Lors du décapage on a pu déterminer avec sûreté la couleur d'origine, un bleu baroque d'époque. Le restaurateur avait prévu de devoir utiliser 2 à 3000 feuilles d'or 22 carats. La rénovation par ce spécialiste des arts sacrés fut un travail complexe.

Ainsi parée, l'église de Biberkirch a accru son patrimoine, héritage des temps.

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