L'Eglise de Troisfontaines

 

Vallérysthal ayant sa chapelle desservie par les curés de Plaine de Walsch depuis 1850, Hartzviller ayant également son église érigée en paroisse depuis 1803 les habitants de Troisfontaines veulent aussi se séparer de l'église mère et construire une église à eux.

Mais là commencent les grandes difficultés. L'autorité religieuse, surtout les curés intéressés de Biberkirch et Plaine de Walsch oeuvrent farouchement contre ce projet. Ils objecteront que les deux églises sont trop rapprochées.

L'église de Biberkirch, pour laquelle la commune de Troisfontaines participait à l'entretien à 7/12 et Biberkirch à 5/12° suivant décision du 23.3.1983, devenait trop petite parce que la population de Biberkirch s'étaient fortement accrue. En plus les habitants de Vallérysthal ne pouvaient plus avoir place dans cette église et devaient rester debout, même si elle n'était pas entièrement remplie.

De grosses réparations à cette église étaient nécessaires et la commune de Biberkirch était trop pauvre pour les payer.

Lors d'un conseil municipal de Troisfontaines, suite à une décision du "Kaiserlichen Ministerium" du 7.1.19O4 et de la "Kaiserlichen Kreisdirektion" le conseil décida d'accepter la demande soit:

-construction d'un presbytère

-contsruction d'une église

-séparation de la commune de Troisfontaines de la paroisse de Biberkirch pour devenir une paroisse à part.

La commune de Troisfontaines décida le 14.7.1903 de laisser sa part à cette église à la commune de Biberkirch y comprît le cimetière et le presbytère, sans dédommagement dès que leur église serait construite. Elle refusa de participer aux réparations s'élevant à 13880 Marks, car elle avait besoin de cet argent pour les nouvelles constructions. Cette décision fut annulée le 18.4.19O5. La commune participa aux dépenses de l'église de Biberkirch selon l'ancien pourcentage, pour montrer sa bonne volonté. Le 14.5.1907 elle décida de payer la somme de 11000M. sur les 19000M du montant des réparations.

La 5.4.1908 le maire de Troisfontaines eut la permission d'effectuer l'achat des terrains pour la construction de l'église, du presbytère et du cimetière.

Le 26.6.1908 l'architecte Oberthur présenta son projet pour la construction. Il fut accepté par le conseil municipal. Le devis s'élevait à 222.071 Marks et la commune décida de faire un prêt sur 50 ans après de la Aktien Gesellschaft für Boden und Communal Kredit für Elsass Lothringen. Pour couvrir ce prêt la commune décida une hausse de 48% sur les impôts pendant 50 ans.

Le 11.2.1912 l'église et le presbytère étaient terminés ainsi que le cimetière qui avait déjà servi.

Dès le 6.11.1911 les travaux pour l'intérieur du bâtiment furent mis en chantier.

- l'orgue avec le montage 9000M

- les vitraux 6450M

- les autels et la chaire 6000M + 1400 M

- peintures de décoration 10M-

cloches, y compris le montage 5000M

- montre 1400M

- paratonnerre et montage 846M

les entreprises d'Alsace Lorraine devaient être contactées

Le 21.12.1919 l'électricité fut installée dans l'église au prix de 11999,85M.

Le curé Hoffmann de Biberkirch assura dorénavant les services religieux dans cette église et reçut un salaire annuel de 600 M.

La bénédiction de l'église a eu lieu le 28.7.1912 par l'abbé Hoffmann de Biberkirch.

L'abbé Stenger alors diacre y célébra sa première messe à cette occasion dans son village natal en présence de l'abbé Louis Houpert vicaire à Walscheid. Le curé Dr.Heymes de Walscheid était le prédicateur.

Saint Léon en devint le patron.

Troisfontaines fut élevé en paroisse par décision de la Préfecture de la Moselle le 2 juin 1920 et du service des cultes de Strasbourg le 27 mai 1920 et par ordonnance de l'Evêque de Metz le 10.6.1920. Le 11.7.1921 le Stossberg est rattaché à la paroisse et une relique de la vraie croix, certifiée par l'évêque de Metz est remise à la paroisse.

Ont été scellées au maître autel les reliques de Saint Eugène, Sainte Agathe et Sainte Justine, martyrs.

 

Sous l'impulsion de l'abbé Laurent, l'église fut rénovée. Les murs furent peints en blanc pour faire relever l'architecture néo-gothique qui ne supporte pas les décorations. La chaire fut enlevée et le maître

autel remplacé par un autel de facture simple.

Il faut aussi noter que les tableaux du chemin de croix sont taillés en grès comme toute l'église et sans coloration.

L'église, son architecture et sa conception.

L'église de Troisfontaines a été érigée dans le style Néo-gothique.

Les colonnes sont de style roman, rondes et massives, taillées dans le grés gris des Vosges. Les colonnes sont surmontées par des chapiteaux carrés avec une sculpture de feuille de trèfle sur chaque coin.

Tout le reste de l'église est fait dans le style gothique.

La nef très large est surmontée d'ogives à arc brisé qui se terminent par des clés de voûte très simples. Ces arcs reposent au bas sur les chapiteaux des colonnes. Ce qui est surprenant c'est qu'ils ne possèdent au bas aucune sculpture.

Les bas cotés sont étroits et les arcs boutants sont remplacés par des murs ogivés qui transmettent la poussée des ogives sur les contre forts extérieurs.

Les absides sont aussi couronnées par des ogives et possèdent chacune une grande baie en quatre parties avec une rosace vers le haut. Toutes les fenêtres sont longues et étroites ressemblant à un fer de lance.

Le choeur est le seul endroit qui a des colonnettes gothiques avec chapiteaux bien sculptés. Mais le choeur n'est pas grand comme on a l'habitude de le trouver dans les églises catholiques.

Les deux portes d'entrée ont une belle structure en ogive avec des colonnettes. Une se trouve au fond de l'église et l'autre dans la tour. Une tourelle d'escalier permet l'accès à la tribune Une fenêtre à colonnettes s'y trouve.

Des rosaces avec vitraux se trouvent au-dessus de l'entrée principale, au choeur et sur les murs des deux absides.

Toutes les fenêtres et baies ont des vitraux dont quelques-uns uns nous montrent des scènes bibliques. Dans le choeur deux vitraux sont assez spéciaux. Celui de gauche nous présente la Paque juive donc l'ancien testament et celui de droite la Paque chrétienne, donc le nouveau testament.

La tour est haute et élancée avec des baies en ogives sur le haut.

L'église contient environ 600 places assises formées de deux rangées de 31 bancs chacune de part et d'autre de l'allée centrale.

Ce qui est surprenant pour une église d'un si beau style, c'est qu'elle donne une impression austère, la simplicité même, sans sculptures. Ceci était voulu par l'architecte qui était de religion protestante et il a construit l'église catholique de Troisfontaines d'après les principes de construction des églises protestantes. Ce principe a été établi par "Bauinspektor E. Fürstenau in Berlin". Une étude "Evangelischer Kirchbau" nous donne toutes les explications.

Le sens de l'église ne doit en aucun cas être lésé par des présentations sensibles. La ferveur du croyant ne doit pas être déviée par le luxe. La simplicité est l'expression de la force intérieure. En plus la construction ne doit pas mener au gaspillage.

La structure intérieure d'une église nous est décrite

Le centre du culte doit être vu de partout.

Le choeur doit être surélevé car c'est le lieu de la lecture de la parole de Dieu à l'autel. Tous les yeux y sont dirigés.

Le choeur de l'église de Troisfontaines est surélevé.

L'autel principal y était en style gothique ainsi que les deux autels secondaires qui se trouvaient dans les absides. Tous les trois ont été enlevés par le curé Laurent en 1969 et remplacés par un autel principal dans le choeur tourné vers les fidèles, d'une facture tout à fait simple. Ainsi le prêtre n'a plus le dos tourné vers le public comme autrefois.

En ce qui concerne la chaire elle doit toujours être placée de telle façon que le prédicateur puisse parler aux fidèles de coeur à coeur . Il ne doit pas se trouver au-dessus des fidèles.

Le serment est la partie la plus importante du culte chez les protestants. Chez les catholiques il y a pourtant toujours eu de très grands prédicateurs comme Geyler von Kaisersberg, prédicateur de la cathédrale de Strasbourg, et Jahannes Tauler, le dominicain.

Dans toute l'église de Troisfontaines la chaire se trouvait au bord de l'abside gauche. Elle a été enlevée par le curé Laurent qui ainsi ne parlait plus que du choeur.

Les statues ont été enlevées et les murs blanchis pour relever la beauté de la pierre de construction.

La tour devant servir aux cloches et à la montre doit être construite suivant sa destination. Celle de Troisfontaines est haute et élancée.

L'orgue de Troisfontaines.

La description de cet orgue nous est donnée dans l'étude "Les orgues de Lorraine" et un devis de remise en état.

Il est placé en tribune au-dessus de l'entrée. Son acoustique est de 4 secondes de réverbération.

L'orgue fut posé dés l'achèvement de l'église en 1912 et livré par la maison Dalstein-Haerpfner de Boulay.

En 1923, Frédédic Haerpfner envoya un devis pour un ventilateur électrique au prix de 2975 Frs, mais on ne sait si la commande fut passée. Il en fut de même pour son devis de relevage du 27.12.1946, s'élevant à 75900Frs.Le 1.3.1954 les facteurs Haerpfner-Ermann chiffrèrent à 217500Frs le relevage de l'instrument. En outre jugeant la composition "trop romantique" ils proposèrent de "l'éclaircir" en transformant cinq jeux, ce qui fut réalisé.

Mais le fonctionnement de l'orgue laissait toujours à désirer. A la fin les années soixante, la paroisse entra en contact avec Robert Kiess de Molsheim. Un premier devis fut établi le 23.9.1967,prévoyant des travaux pour 28457Frs,sans ajout de jeux. Puis des infiltrations d'eau accélèrent les négociations. Un second devis fut envoyé par Kies le 5.10.1969. Pour 38887Frs, le facteur prévoyait de remplacer la traction pneumatique par une traction électropneumatique, d installer une nouvelle console et de modifier à nouveau la composition. Le conseil municipal ayant voté le 27 février 1970 une subvention de 5.000-francs le conseil de fabrique approuva le 1.3.1970 le devis Kies et l'instrument fut transformé au cours de cette année.

Le Buffet.

La large boiserie néo-gothique est davantage proportionnée

aux dimensions de l'édifice qu'à l'importance de l'instrument lui-même, tant il reste de place disponible dans le meuble. Celui-ci est confectionné en sapin recouvert de peinture faux- bois, sans plafonds. Les tuyaux de plafond sont en zinc, avec écussons rapportés en plein cintre. Si l'on en croit le devis de 1911, ce sont les beaux tuyaux d'origine.

Etat: bon fonctionnement en avril 1989 et accord général satisfaisant, mixtures exeptées.

Sommiers:

Les sommiers à pistons, chromatiques sont placés en 1909. Comme la maison Dalstein-Haerpfner utilisait alors surtout des sommiers à membranes, il est possible que ces sommiers aient été achetés chez Walcker, comme la tuyauterie.

-1 sommier pour le grand-orgue, placé immédiatement derrière la façade, dans la moitié gauche du buffet, avec les basses à gauche. Ordre des chapes: Principal 8, Flöte 8, Bourdon 8, Quinte2 2/3, Terz 1 3/5, Prästant 4, Rohrflöte 4, Doublette 2 et Mixtur.

-1 sommier pour le récit, placé au même niveau que le grand-orgue, en retrait, dans la moitié droite du buffet, avec basses à droite. Ordre des chapes, d'avant en arrière: Cymbal 3 rgs, Krummhorn 8, Trompete 8, Lieblich Gedackt 8, Larigot 1 1/3, Flöte octaviante 4.

-1 sommier pour la pédale, placé au fond du soubassement, avec basses à gauche.

Console.

indépendante, de Kies, placée à droite du buffet, à 45° vers le choeur. Claviers de Dalstein-Haerpfner, en sapin, avec naturelles plaquées de matière synthétique blanche et peintes en ébène. Fronton biseauté. Octave: 161 m/m. Pédalier droit en chêne, avec feintes plaquées de bois exotique. Tirage des jeux par dominos blancs, avec lettres au grand-orgue,rouges au récit et vertes à la pédale, surmontés par des languettes pour la combinaison libre. Combinaisons fixes par boutons blancs sous le premier clavier. Voltmètre. Plaque blanche indiquant:

"Manufacture d'orgues Ets Kies R. Molsheim."

Transmission

Elle est pneumatique, pour les notes et les jeux et provient de Kiess.

Tuyauterie

les tuyaux de bois et la Trompette sortent bien des ateliers de Boulay, mais les autres tuyaux en métal ont été achetés chez Walcker, avec le nom du jeu poinçonné en demi-cercle autour de l'écusson.

Diapason

La à 440 Hz, un peu plus haut qu'à l'origine.

Soufflerie

Deux réservoirs à plis compensés, de Dalstein-Haerpfer, dans le soubassement, alimentés par un ventilateur électrique ou par des pompes actionnées par des pédales.

1) Composition proposée en 1911 par Dalstein-Haerpfer, à peu près réalisée, au prix de 9660Mk

1) Grand orgue (56 notes C.g''') 2 Récit expressif (56 notes)

Bourdon 16 Geigenprincipal 8

Principal 8 Lieblich gedeckt 8

Floete 8 Aeoline 8

Salicional 8 Voix céleste 8

Gamba 8 Flûte octaviante 4

Prestant 4 Gemshorn 4

Doublette 2 Trompete 8

Mixtur 3-4 rangs

Pédale (30 notes)

Violonbass 16

Subbass 16

Oktavbass 8

Violoncello 8

 

2 Composition proposée en 1954, par Haerfer- Ermann, réalisée.

1) Grand-orgue Récit expressif

Bourdon 16 Montre -Viole 8

Principal 8 Bourdon 8

Flûte 8 Voix céleste 8

Salicional 8 Fûte octaviande 4

Prestant 4 Nazard 2 2/3

Flûte à cheminée 4 Flûte chapmpêtre 2

Quinte 2 2/3 Trompette 8

Doublette 2

Mixtur 3 rgs

 

Pédale

Violonbasse 16

Soubasse 16

Octavebasse 8

Choralbasse 4

 

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