Les sources historiques concernant l'origine du village sont rares. Son passé est celui de la région dont il a partagé les bonnes et les mauvaises fortunes, sans pourtant devenir le centre d'évènements saillants. Modeste village parmi tant d'autres dans notre vallée, il a partagé avec eux les époques de dur labeur alternant avec la détente des jours de fête. Surgi d'un passé fort lointain, il s'est maintenu à travers les vicissitudes extérieures tout en transmettant de génération en génération des souvenirs obscurs mais tenaces.
Ces souvenirs se sont concrétisés dans les lieux-dits encore en usage aujourd'hui. Les noms que portent certains chemins, certaines parcelles de terre, certains endroits particulièrement remarqués font renaître une histoire locale pleine d'intérêt.
Un groupe d'hommes pratiquant l'agriculture en même temps que l'élevage se serait fixé chez nous près des falaises et des forêts, autour de la source très abondante de l'actuel "Dorfbrunnen" où d'autres point d'eau tout proches.
Au début la clairière de culture résultant du défrichement initial devait être agrandie. Il s'agissait de gagner des terres arables et des prairies sur les forêts. Très nombreux sont les lieux-dits témoignant de ce travail acharné s'échelonnant sur des siècles.
Mais d'abord il fallait des chemins qui formaient la charpente de cet ensemble culturel. Ce sont les chemins qui conduisent l'homme à pied d'oeuvre et qui ramènent le fruit du labeur au village. Tous ces terrains devaient porter un nom pour se retrouver. Généralement ils expriment une particularité de l'endroit, parfois même ils portent le nom d'un des propriétaires. Pour d'autres nous ne pouvons plus trouver une quelconque explication.
Dans notre région de langue germanique, ces noms sont conçus sur cette base. Pourtant il existe parfois des noms d'origine celtique comme Dürrenberg qui provient du nom celtique 'Torrau" qui veut dire petite montagne.
En 1802 le Gouvernement Consulaire décide de dresser un Cadastre, il prend une mesure réclamée depuis longtemps dans un but de justice fiscale. La loi du 15 septembre 1807 précisant que ce serait un cadastre général parcellaire va obliger les géomètres à recenser les lieux-dits. On peut savoir gré au législateur d'avoir sauvé de l'oubli une multitude de toponymes champêtres en leur conférant une existence officielle.
Cependant ce cadastre comporte des lacunes et des imperfections. Destiné à sauvegarder les droits des propriétaires et à asseoir l'impôt foncier avec équité, il ne visait ni à rapporter fidèlement tous les lieux-dits ni à respecter scrupuleusement leur forme archaïque,, surtout si celle-ci n'était plus comprise. Pour les auteurs du cadastre, les lieux-dits servaient à désigner commodément le bien de chacun et à se reconnaître dans le puzzle des parcelles souvent exiguës et curieusement enchevêtrées au gré des héritages. On comprend dès lors que le géomètre qui numérotait les champs par souci de précision se soit livré à un travail de simplification en supprimant certains noms à peu près tombés en désuétude ou ne s'appliquant qu'à quelques champs. Leur présence aurait surchargé le plan sans grand intérêt. Le cadastre a enfin fixé définitivement l'orthographe des toponymes ruraux, soit en respectant leur forme patoise, soit en les francisant plus ou moins heureusement.
La transcription des lieux-dits cadastraux est parfois défectueuse et risque de tromper le chercheur. Les responsables en sont les auteurs des plans et ceux qui les ont renseignés. A leur décharge, il faut reconnaître que les toponymes ruraux s'altèrent fréquemment. Quand ils ne sont plus compris, par suite de l'évolution de la langue, ils sont facilement victimes de rapprochement de sens ou de prononciation. Enfin des erreurs se glissent parfois lors de la transcription en français des termes patois.
Lors de la dernière révision du cadastre, beaucoup de lieux-dits ont été supprimés et remplacés par d'autres noms. Ceci amène des confusions, car les anciens noms sont restés dans le langage populaire.
Le Freywald.
C'est une forêt qui est libre d'impôts et de corvées "Frey von Frohnen", un franc- alleu. On trouve le mot écrit avec "i" et avec "y". D'où vient ce nom que nous trouvons pour la première fois dans l'acte de partage des biens de Michel Antoine de Lutzelbourg en 1716. M. Jean Chenu directeur du Freywald, fait l'hypothèse, que les gens des environs regardaient avec envie cette forêt où la main mise seigneuriale sur les personnes avait été abolie par le Duc de Lorraine tandis que les habitants du comté de Dabo, qui entouraient cette forêt, étaient frappés par les impôts et les corvées. Pour eux c'était la "forêt libre.
Les Foeschen.
Les Foeschen sont localement appelés "Fesche". D'après l'étude de Charles Will qui se base sur les travaux du professeur Hatt de l'Université de Strasbourg, l'étymologie de ce nom a ses bases dans le mot "Wasen", qui est un lieu où les forges étaient nombreuses. Le mot s'est progressivement transformé en Fas,Fes et Foeschen. En effet on y trouve une mardelle ou "Seeb" s'y trouve qui était le lieu de creusement du minerai de fer.
Waschesthal.
Ce nom est probablement une déformation du nom vacher qui est un pâtre pour la garde du troupeau de vaches. Le "W" a remplacé le "V". Parmi les noms des habitants de Biberkirch nous trouvons le nom "Wacher". Cette vallée porte certainement le nom de l'ancien propriétaire.
Simonsthal.
Cette vallée porte aussi le nom d'un ancien propriétaire, Simon.
Brantweinthal.
Brantwein est l'eau de vie. Cette vallée semble avoir été cultivée autrefois Peut être y plantait-on des arbres fruitiers, probablement des cerisiers dont les fruits donnent une bonne eau de vie.
Krappenthal.
Krapp est le nom allemand de la garance, une plante fournissant des racines, qui, séchées, peuvent donner de la poudre rouge après la mouture. Cette vallée n'était autrefois pas plantée de forêts et elle pouvait donc fort bien servir à la culture de la garance. Cette plante a été introduite dans toute l'Alsace Lorraine par les "Mennonites hollandais qui sont encore aujourd'hui les propriétaires des grandes fermes isolées.
S'Lothringer Eck.
Cet endroit se situe à la limite extrême du ban de Troisfontaines et forme la limite avec le ban de Walscheid. Cette limite se présente en angle droit et nous indique la frontière entre la Lorraine et l'Alsace. En effet Troisfontaines et le Freywald faisaient partie du comté de Lutzelbourg qui se trouvait en Lorraine. Walscheid par contre appartenait au comté de Dabo qui faisait partie de L'Alsace.
Rennebaechel.
C'est une petite rivière qui court vite. Le nom est d'origine allemande (Rennen" signifie courir).
Hollaenderthal.
Un "Hollaender" est un moulin à papier. Le moulin du Stoss qui se trouvait autrefois à l'entrée de cette vallée était probablement un moulin à papier avant d'être transformé en moulin à terre pour les verreries.
Le Stoss.
Une Stossmühle est un moulin à terre ou foulon. Ce secteur a eu le nom de Stoss qui est l'actuel Vallérysthal. Le nom est encore usuel dans la région, et remplace presque souvent le nom de Vallérysthal dans le parler populaire.
Schindelthal.
Schindel est le mot allemand pour bardeaux matériaux utilisés pour la couverture des toits. Comme autrefois cette vallée était plantée cette explication est peu probable. Le nom de "Schindel" est probablement une déformation linguistique du mot "Schinder" l'équarrisseur. C'était peut être l'endroit où l'on enterrait les carcasses des bêtes mortes.
Fuchsthal.
Ce nom est provient de Fuchs soit renard. Les mots de cette famille trouvent ont leur origine dans les forges catalanes, appelées aussi "renardières" soit fuchsloch, en raison du trou, dit queue de renard, que les fondeurs creusaient à travers la masse. Ils ont laissé de nombreux toponymes à travers nos campagnes, tel que Fuchsthal,Fuchsmatt, Fuchsberg et d'autres.
Le minerai de fer a été extrait dans l'argile et il en est resté un grand trou rempli d'eau qu'on nomme mardelle ou Seeb. Sur les hauteurs de Biberkirch, près de la Croix Blanche se trouvait une Seeb qui a été comblée lors de l'aménagement du terrain de Football. Il y avait probablement d'autres Seeb, car le terrain est propice au développement du minerai fer. Ces seeb ont probablement été comblées par les grands fermiers, vu qu'elle dérangeait les cultures.
Heidenbuckel.
Généralement il s'agit d'un endroit où on a trouvé autrefois des tombes gallo-romaines, ou des ruines de cette époque.
Hilbersberg.
Cet endroit se trouve dans le Freywald. Parfois on le nomme Hulbersberg, sans qu'on puisse trouver une explication.
Sandwäsch.
Elle se situe dans les Foeschen au bord d'un petit ruisseau. On y lavait le sable rouge pour enlever l'oxyde de fer afin de pouvoir l'utiliser pour la fonte du verre.
Leimenlöcher.
C'est l'endroit où les verriers creusaient le sol pour récupérer l'argile nécessaire à la fabrication des pots de fusion. Cette argile séchée était préalablement moulue en poudre dans le moulin à terre.
Nudelwasen.
Un wasen est l'endroit où on faisait paître les troupeaux de vaches. Le nom de wasen très répandu dans les montagnes telles les Hautes Vosges. Il existe par exemple le Kahlewasen ou Chaume qui servait à la pâture d'été aux troupeaux qui y étaient amenés par la transhumance. Il s'agit d'un terrain difficilement travaillable. Dans notre cas le nom "Nudel" veut dire travail difficile (liederliche) Arbeit.
Erlenheck.
C'est l'endroit où poussaient des aulnes (Erle) sous forme de haies.
Melkerhof.
Il s'agit de l'actuelle rue du Moulin à Biberkirch. Il y existait probablement une ferme où on élevait des vaches pour la traite du lait.
Hübelsäcker.
Hübel veut dire Hof, donc une ferme. Ces terrains faisaient donc partie du domaine d'une ferme.
=========
Chapitre suivant
retour à l'index
Images et photos