Plusieurs Moulins se trouvaient sur le ban de la commune. Leurs fonctions étaient très diverses. Deux d'entre eux étaient mus par la force des eaux de la Bièvre. Le troisième était alimenté par les eaux du petit "Krappenthalbach", affluent de la Bièvre. En plus les moulins à huile étaient généralement mus par la traction manuelle ou animale.
Il existait le moulin du Stoss à Vallérysthal, le moulin de Troisfontaines et la "Krappenmühle".
Nous connaissons aussi l'existence de deux moulins à huile.
Le moulin du Stoss.
Ce moulin se trouvait sur la Bièvre, à l'entrée du Hollaenderthal non loin de l'endroit où les eaux du Stossbach rejoignent la Bièvre. Une scierie construite à ses cotés fonctionnait avec les mêmes eaux
L'eau était amenée par un canal muni d'une écluse à partir de la Grossmatt, sur le ban de Walscheid, derrière le deuxième bâtiment de Sitifort en venant de Vallérysthal. Cette prise d'eau était en aval de la Graumühle, construite au moins 100 ans plus tard. Les murs de cette écluse se trouvent encore dans la Bièvre.
Sa date de construction est impossible à déterminer.
Le nom de la vallée est significatif. Hollaender est le nom donné aux moulins à papier qui faisaient les fibres de bois pour la pâte à papier. Il faut donc admettre que ce moulin avait autrefois cette fonction. Il a probablement été créé par les comtes de Lutzelbourg pour rentabiliser leurs forêts.
Mais, après son installation, ce moulin semble avoir travaillé comme battant pour les verreries. Il est fort probable que cette transformation a été faite lors de la création de la verrerie de Troisfontaines en 1699 par Antoine de Lutzelbourg. Lors de la vente de 1805, il est désigné comme battant. La verrerie de Plaine de Walsch, créée en 1708, en avait besoin pour battre les terres des futurs pots de fusion. L'inventaire du 27.10.1781, fait par Lanfray alors directeur de Plaine-de-Walsch, comprend aussi "le moulin sur la Bièvre pour piller les terres, avec logement"
Un battant était une pièce de bois qui poussait le matériel dans l'œillard du moulin.
Ce battant est décrit dans un bail du 24.9.1805 par les dames Joséphine et Amélie de Lutzelbourg à Joseph Bella: "le battant est couvert de bardeaux et comprend deux roues à eau faisant mouvoir quatre dames et un dégrossissoir. Il n'a guère de valeur. La maison attenante, également avec un étage, constitue la moitié de la valeur de l'ensemble évalué à 5527,-francs.".
Lors de l'établissement du cadastre en 1820 il était propriété de M. Bella de Plaine-de-Walsch qui le vendit au baron de Klinglin en 1835.
En 1857 cette propriété revient à la société des verreries de Plaine-de-Walsch et de Vallérysthal.
En 1859, le moulin fut rénové et un nouveau canal fut construit, qui débute derrière la Graumühle à Sitifort, ainsi que l'étang de Vallérysthal qui faisait fonction de régularisation des eaux. Il servit en même temps pour faire fonctionner la taillerie de la verrerie construite de l'autre coté de la route en contre-bas.
A la place du moulin se trouve maintenant le "Mädchenheim" construit par l'usine de Vallérysthal, pour les ouvrières venant de loin et ne pouvant rentrer qu'en fin de semaine. Ce bâtiment porte actuellement l'inscription "Hauptschule", car il servait d'école pendant la guerre.
Pendant un certain temps, le canal a aussi servi au transport du verre à tailler vers le bâtiment qui a remplacé la Graumühle et dans lequel se trouvait une petite taillerie de verre appartenant à la verrerie.
En 1879 le moulin fut démoli, ainsi que la scierie qui fut transférée dans l'usine.
Le moulin de Troisfontaines.
C'était un moulin à farine qui était alimenté par la Bièvre au moyen d'un canal qui débutait après la chute du moulin et de la scierie de Vallérysthal. Ce canal longeait la pente de la colline sur un demi-kilomètre.
Nous ne savons rien au sujet de la construction de ce moulin qui se trouvait sur les terres des comtes de Lutzelbourg.
Les registres paroissiaux nous donnent des précisions sur les noms des meuniers. Une première indication nous parvient le 11.11.1724 par le décès de François Bernauer désigné comme meunier à Troisfontaines, époux de Barbe Bentz, fille de Gaspard Bentz meunier à Nitting. Les Bernauer étaient une famille de meuniers déjà implantée dans la vallée de la Zorn.
Une naissance du 15.7.1723 nous fait connaître le maître meunier de Troisfontaines, Jean Georges Hopfner et son épouse Dorothée Brodbecker.
En 1739, nous y trouvons Jean Baumgartener, époux de Madeleine Hug.
En 1746, Simon Christoph, époux de Eve Scheli.
En 1751, Nicolas Firtier, époux de Brabe Silbermann.
En 1778,, Adam Baumgarten époux de Madeleine Halbseisen originaire de Walen en Suisse. Il décéda le 24.6.1782 à l'âge de 74 ans. Il était originaire de Hoelzel-Forêt Noire.
En 1780 c'est son fils Nicolas Baumgarten époux de Christine Carleskind. Il décéda le 14.11.1789 à l'âge de 40 ans.
En 1791 c'est Jean Baptiste Berton originaire de Wisches époux de Marie Barbe Haffenmeyer.
Le dernier meunier connu est Pierre Henriot, époux de Marguerite Jacob. Après son décès, sa veuve a vendu le moulin en 1839 au baron de Klinglin.
Le moulin continua à travailler jusqu'en 1856.
En 1869 ce moulin fut est signalé comme foulon pour la verrerie de Vallérysthal. On y préparait la terre pour faire les pots de fusion.
Le baron de Klinglin construisit une taillerie à coté du moulin qui était alimenté par le canal élargi à cet effet. Mais le débit d'eau utilisé perturbait alors le fonctionnement des moulins en aval. En 1856 Louis Guillaume Dryander, propriétaire de la Faïencerie de Niderviller, porta plainte contre la verrerie de Vallérysthal, car son moulin à terre de Schneckenbusch ne pouvait fonctionner qu'irrégulièrement depuis 10 ans.
La création de l'étang du Melkerhof, entre Biberkirch et Harzviller, en 1856, devait régulariser le flux de l'eau en aval. Cet étang fut vendu au meunier Bournique de Hartzviller en 1863 et acheté plus tard par la verrerie de Troisfontaines.
Le canal élargi servit aussi au transport des objets en verre sur des barges vers la taillerie. Une de ces barges se trouvait encore dans la verrerie lors de sa fermeture. Le conducteur de la barge était dénommé "Schiff Peter" et la maisonnette où il habitait a servi plus tard comme bureau à la scierie Ackermann.
La Krappenmühle.
Quel est l'origine de ce nom?
Elle nous est donnée par le "Dictionnaire étymologique des noms de lieux": c'est un moulin qui broie des racines de garance, en allemand "Krapp" ou "Färberröte", pour obtenir une poudre tinctoriale de couleur rouge, servant à teindre les étoffes".
L'armée française en fit naguère un grand usage pour la teinture de ses pantalons.
La garance fait partie de la famille des rubiacées, avec des rhizomes rampants, rouges, chargés de longues racines et des tiges aériennes quadrangulaires, chargées d'aiguillons et des petites fleurs verdâtres.
Elle a été cultivée dans toute l'Alsace et en Vaucluse. Son centre de culture était la Hollande d'où elle a été transportée par péniche sur le Rhin au port de Strasbourg. On peut admettre que les grands fermiers de la région, de religion mennonite venus de Hollande, l'ont introduite chez nous. Elle demande un sol léger, abondamment fumé et amendé. Etant donné que ces conditions sont présentes dans la vallée du Krappenthal, on peut admettre qu'elle y a été plantée et lui a donné son nom. Cette vallée aujourd'hui plantée
de sapins était autrefois cultivée. Il faut admettre que la garance a été cultivée dans notre région, car c'était une culture nouvelle. La fumure naturelle est artificielle était une spécialité des anabaptistes qui l'on introduite dans notre région, ainsi que l'assolement triennal.
Le moulin était actionné par les eaux du Krappenthalbach au moyen d'un canal qui longeait la pente et amenait l'eau dans un bassin de réserve, d'où elle tombait sur la roue hydraulique. Ce canal captait toute l'eau de la rivière à la hauteur du Simonsthal et mettait à sec l'ancien cours. Vers 1870 un barrage fut construit par le propriétaire Gérard pour créer un bassin de réserve. La trace du canal est encore bien visible, mais le bassin près du moulin a été comblé. Depuis la rivière a repris son ancien cours. Le moulin lui-même a été démoli il y a une trentaine d'années. Le bâtiment actuel a probablement été construit par le propriétaire Achille Portal.
Un des propriétaires a érigé une croix derrière la fontaine.
Nous ne trouvons aucune mention sur les circonstances de la création de ce moulin.
La présence des différents meuniers nous est donnée par les actes de naissance dans les registres paroissiaux et plus tard dans le cadastre.
- Le 13.11.1765 nous y trouvons Léonard Haffenmeyer comme parrain.
- La 10.8.1768 Konrad Falto et son épouse Odile sont indiqués comme meuniers.
-Le 18.5.1774 le meunier de Biberkirch est Léonard Haffenmeyer avec son épouse Odile Falto.
- Le 26.9.1786 Laurent Haffemmeyer et son épouse Ursule Fischer
- Le 23.3.1890 Jean Georges Haffenmeyer et son épouse Elisabeth Muller sont cités lors du baptême d'un enfant.
- En 1838 son fils Jean Georges Haffenmeyer devient propriétaire.
- En 1850 il vendit le moulin à Nicolas Dida.
- En 1861 celui-ci le vend à Gérard Joseph époux de Yutz Clémentine qui en fait un atelier de verres de montres avec 18 ouvriers.- A partir de 1864 c'est Gérard lui-même qui l'exploite.
- En 1876 il le cède au tailleur de verre Nicolas Bournique qui le revend en 1876 à Achille Portal, fabricant d'horlogerie à Paris, qui devient propriétaire de la verrerie de Troisfontaines.
Le bâtiment d'habitation est actuellement propriété de l'artiste peintre Clément Stricher.
Le moulin à huile de Troisfontaines.
Ce moulin se trouvait à l'emplacement de la Caisse d'Epargne. La maison dans laquelle il a fonctionné appartenait dès la révolution à la famille Pillemann qui l'a probablement géré. Lorsqu'il a été démoli pour y construire la Caisse d'Epargne, les deux meules ont été stockées sur la place publique de Troisfontaines. Ces meules ont été reconstruites à la sortie du village comme pièce de musée.
La oelmuhle de Biberkirch.
Le moulin à huile de Biberkirch se trouvait au n°9 de la rue du moulin. Ce moulin, d'abord actionné par traction animale, fut plus tard doté d'un moteur et des transmissions. Il est assez récent. Le 27.8.1861 Barthelemy Robach, meunier du moulin de Sparsbrod se maria à Biberkirch avec Marie Joseph Schlernitzauer. Il s'installa à Biberkirch et créa ce moulin à huile, qui a dû cesser son activité au début du 20° siècle
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