LA VIE DES HABITANTS ET LEURS OCCUPATIONS

 

Comme tous les villages de la région, Biberkirch et Troisfontaines étaient des communauté d'agriculteurs. Seul Vallérysthal était un village d'ouvriers verriers. Sa création l'y a prédestiné.

Troisfontaines a aussi été créé par la verrerie, mais dès la disparition de cette activité le village s'est adonné à l'agriculture.

Les registres paroissiaux de Biberkirch nous indiquent souvent les métiers. De 1716 à 1770 nous dénombrons 21 laboureurs, 1 fermier et 3 marcaires. Ces derniers s'adonnaient à l'élevage des vaches et à la fabrication du fromage.

Le bétail des deux communautés devait être amené à la pâture sous la garde d'un pâtre, qui nommé hardier. La même période nous fournit les noms de ces pâtres qui étaient au nombre de 18 au fil des années. En plus le porcher amenait les porcs à la glandée dans les forêts de chênes et de hêtres. Nous relevons 6 noms. Les pâtres et les porchers étaient nommés par la communauté et, après la révolution, par le Conseil Municipal. Ce n'est qu'après cette période qu'une maisonnette a été mise à la disposition du pâtre.

Pour la nourriture du bétail la vaine pâture ou pâture libre était importante. Autrefois celle-ci a été accordée aux habitants dans les forêts du seigneur. Mais le seigneur de Lutzelbourg l'a interdit dans ses bois. Lors de la Révolution la commune a fait un procès au Seigneur pour pouvoir faire paître les troupeaux dans la forêt du Freywald, au-dessus de la maison forestière. La communauté avait un grand besoin de fourrage et les terrains de la commune n'étaient pas assez étendus. La commune de Troisfontaines a dû interdire le boisement des terrains de pâture.

Les périodes durant lesquelles la pâture était possible ont été strictement réglementées, pour permettre de faire le foin et le regain pour la réserve d'hiver. A maintes reprises les conseils municipaux ont décidé cette réglementation. Un arrêté dit: " - L'usage du parcours et de la vaine pâture dans les prés non clos demeurent suspendus jusqu'à la seconde faux et sans que cette suspension puisse toutefois s'étendre au-delà du 1er octobre. La durée des regains se fera en conséquence et ce au profit du propriétaire fermier.

- Sont exceptés de cette mesure les terrains ou pâtis communaux réservés à la jouissance commune, ainsi que ceux qui n'auraient été loués uniquement pour la récolte de la première herbe .

- Tout propriétaire ou exploitant peut, dans le cas où il préférerait ce mode de jouissance, faire pâturer exclusivement ses prés par son bétail jusqu'au 1er octobre prochain laquelle de la vaine pâture est suspendu.

- Si les propriétaires ou exploitants veulent affecter un canton au parcours de leurs bestiaux, il leur est loisible de faire entre eux, tout arrangement amiable qui leur paraîtra le plus dans leur intérêt. Ils seront obligés de rédiger un acte au ministère public auprès le tribunal de police du canton.

La vaine pâture et le parcours sont expressément interdit sur le territoire de la commune, dans toute espèce de terrain non clos, pendant la nuit, c. à d. depuis le coucher au lever du soleil. Pourront seulement les chevaux et autres bêtes de trait servant à la culture des terres rester au pâturage jusqu'à huit heures du soir et y être envoyés dés quatre heures du matin, sans que les autres prétextes, les heures indiquées puissent être dépassées ou devancées."

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Le ban des communes avec les cultures devait être surveillé pour éviter tous les vols et malhonnêtetés. Cette surveillance était assurée par le garde- champêtre. Mais la commune était pauvre et avait des difficultés pour le paiement du salaire de ce garde. En 1819 le salaire fut fixé pour le garde champêtre de l'année précédente. Il s'agissait de Antoine Montz. Pour la nouvelle année la garde des maisons et du finage sera confié au sieur Mathis Knappe. Le salaire fixé pour les deux mois s'élevait à la somme de soixante quinze francs. Il est précisé que les dits gardes champêtres demeurent personnellement responsables des dommages qui seront causés et occasionnés sur le finage et dans les maisons par la négligence ou l'insuffisance et dont point de rapports n'ont été faits. Le garde champêtre sera tenu de prendre à son compte les frais de sa prestation de serment.

En 1820, il est dit que Martin Gérard journalier et Hubert Gérard jouissaient tous deux d'une probité, capacité et moralité irréprochable.

Il leur est prescrit:

- de veiller scrupuleusement à la sûreté des propriétés rurales, du finage de Troisfontaines.

- de payer les frais de prestation de serment et de commission.

- d'être responsables de tous les dommages qui pourront se faire audit finage et occasionnés par leur faute ou négligence.

- de rester chargés de leurs fonctions pendant

l'espace d'un an moyennant la somme de 144 francs et après l'expiration de la dite année ils seront tenus de continuer leur fonction jusqu'à ce que leur successeur soit désigné.

- Ils seront payés par le percepteur et receveur de cette commune à la fin de l'année.

Une communauté ou deux comme dans notre cas avaient besoin d'une série d'artisans pour subvenir aux besoins matériels que ne pouvaient fournir que des spécialistes.

Le forgeron et maréchal ferrant devaient avant tout fabriquer les outils araires dont avait besoin les cultivateurs. Ils ferraient les bêtes de trait, cerclaient les roues des voitures, construisaient les charrues et autres ustensiles utilisés par les habitants.

Le charron construisait les voitures, et fabriquait, les manches de faux et les râteaux pour le foin et tous les outils ménagers en bois.

Un boulanger et un boucher se sont occupés de la nourriture. L'habillement était fourni par un sabotier, un cordonnier, un tailleur ainsi que par plusieurs tisserands.

En plus nous trouvons deux menuisiers, un charpentier, quatre maçons et cinq tailleurs de pierres qui travaillaient dans les nombreuses carrières.

D'autres métiers sont présents, tels un tourneur, un cloutier, un cordier, un vitrier, sans parler des meuniers.

En 20 ans six cabaretiers se sont occupés du bien être de la population masculine.

Toute cette vue sur la vie de la communauté a été reconstituée d'après les indications des registres paroissiaux avant la Révolution. Pendant un certain temps la population a continué le même train de vie jusqu'au jour où les verreries se sont implantées à Vallérysthal et à Troisfontaines. A partir de cette époque, le mode de vie se modifia. La population d'ouvriers qui s'est créée a continué l'agriculture parallèlement à coté de son métier, mais seule une minorité en fit son activité principale.

Commerce et artisanat actuels.

Le commerce et l'artisanat sont en pleine régression actuellement. Il n'y a plus qu'une boucherie, mais elle s'est adjointe une superette avec un dépôt de pain. Ce dernier est important car les boulangeries font défaut. La dernière a cessé son activité à Biberkirch.

Les Restaurants.

Le restaurant, aussi dénommé Cabaret, a été de tout temps le lieu de rencontre de la population masculine d'une communauté.

Avant la Révolution de 1745 à 1772 nous trouvons à Biberkirch et à Troisfontaines six cabaretiers soit Nicolas Fischer, Etienne Froelicher, Jean Schmitt, Nicolas Stenger, Jean Georges Mettenet et Jean Siebert.

Le développement rapide des verreries a entraîné le développement des cabarets-restaurants. Les verriers étaient en effet de grands consommateurs de liquide, lors du travail de l'eau fournie par la fontaine des verriers (Huttenbrunnen) et en dehors du travail le schnaps le matin pour les lancer au travail et le vin rouge à 9h ,à midi et après le travail. Le minimum était la chopine de rouge. Après l'installation de la ligne de chemin de fer, le vin rouge était livré par wagon-citerne à Vallérysthal.

Le restaurant Nagle.

Le bâtiment a été construit en 1870 par Jules Nagle. Qui était-il?

Né le 24.8.1839 à Alzing, commune de Gosselming, fils de Jean Claude Sylvestre Nagle et de son épouse Marie- Anne Gross, employé, domicilié à Vallérysthal.

Jean Claude Sylvestre Nagle était administrateur des propriétés rurales et forestières dans l'arrondissement de Sarrebourg pour le comte

René de Menthon domicilié à Choissy près de Dôle (Jura). Son petit fils Louis a été nommé garde forestier des Foeschen le 15.1.1860;

Jules Nagle s'est marié le 22.4.1843 à Troisfontaines à Catherine Schneider. Lors de la construction du bâtiment il est indiqué comme négociant. A la naissance de son fils Edmond, le 26.10.1866 il est désigné comme épicier.

Il a probablement construit ce bâtiment afin d'en faire une épicerie et un restaurant, incité par la grande verrerie en face de sa porte.

Son fils Edmond a pris la relève et a construit en 1903 les deux parties adjacentes des deux cotés. Celle de droite a été transformée en salle de fête en 1909.

Son fils Raymond Nagle marié à Marie Sutter, a repris le flambeau suivi par son fils Jean Claude marié à Anne Morgenthaler qui continu a exploiter ce restaurant.

Sous Edmond Nagle, le restaurant portait le nom de "Augustiner" car il était dépositaire du Augustiner Braü puis des Bières de Chams Aujourd'hui il s'appelle le "Restaurant des Vosges".

De avril 1956 à 1982, la salle a servi de salle de cinéma, ce qui était déjà le cas avant la guerre. Depuis elle a été transformé en salle à manger pour les clients.

Dans cette salle se trouvent 6 vitraux peints suivant le système des beaux-arts de Nancy. Ils sont sertis en plomb et ont une très grande valeur d'après M. Favot

Le Restaurant Schneider.

En face du restaurant Nagle se trouvait le Restaurant Schneider avec la grande salle dénommée "Schneider Saal".

Le bâtiment a été construit par la verrerie de Vallérysthal à une date qu'il est impossible de déterminer, peut être même dès la construction de l'usine.

Son existence nous est révélée par un acte de naissance du 7.11.1880. Les exploitants étaient Lucien Schneider et son épouse Mathilde Lolindre. Lui était de nationalité américaine, ancien émigré aux USA revenu dans le pays. Son père était le fils de Sylvestre Schneider aubergiste et maréchal ferrant à Brouderdorff, domicilié à Brouderdorff, et de Catherine Lévy, aubergiste à Vallérysthal. Il est impossible de déterminer l'endroit de cette auberge, mais, au mariage de sa fille avec Jules Nagle, il est bien précisé "Vallérysthal". Il faut admettre qu'il s'agissait déjà du "Restaurant Schneider". Il était donc le beau-frère de Jules Nagle, qui avait construit son restaurant face au sien en 1870. Un acte de naissance d'une fille Schneider date du 12.2.1858. Le restaurant existait donc déjà à cette date.

Début 1900, une salle des fêtes a été construite à coté du restaurant célèbre sous le nom de "Salle Schneider", dont les fenêtres étaient sablées.

Cette salle servait à toutes les fêtes locales et aux bals lors du "Messti" de Vallérysthal.

En 1908, lors d'une naissance nous trouvons comme exploitant du restaurant Pierre Paul Schneider et son épouse Sophie Wirtz, qui était aussi propriétaire d'une carrière.

La future destinée du restaurant nous échappe. Il était encore en bonne mémoire dans la population avant la dernière guerre.

La famille Schneider y a habité jusqu'à la démolition du bâtiment en 1980 par la commune, après la fermeture de la verrerie.

 

Le Restaurant du Sapin vert.

Il a toujours été connu sous le nom de "Greet".

La propriétaire la plus anciennement connue était Marguerite Faltot, d'où le nom "Greet".

Elisabeth Faltot, une de ses trois filles, prit la succession avec son mari Jean Baptiste Gérard.

Après la guerre c'était sa petite fille Louise mariée à Louis Stricher. Elle était la fille de Marie Gérard et Bottner Jules.

Son gendre M. Bernard Endt époux de Anny Stricher construisit l'actuel restaurant "Au Sapin Vert en 1964. Il le vendit en 1987 à M Thierry Schwaller cuisinier de métier. Une salle de réunion relativement grande servit à diverses occasions.

Après cette vente M. Endt transforma l'ancien restaurant en chambres d'hôtes. Ce gîte est toujours en fonction.

Le 26.11.1999 M. Schwaller a vendu le restaurant à Melle Cathia Hoehnen qui l'exploite actuellement.

 

Je vous ai cité les trois restaurants pour lesquels j'ai pu trouver des indications.

Je vous nomme plusieurs autres sans tenir compte de ceux dont la trace a disparu.

- L'Hôtel Dreibrunnen, dont le propriétaire était Félicien Schmitt.

- Les Restaurant Michel Baumgarten dénommé plus tard "Café du Centre", en face de l'ancienne mairie, dont le dernier propriétaire était M. Bier

- Un peu plus loin se trouvait le "Restaurant des Amis".

- Au coin de la rue menant à la gare se trouvait le restaurant "Wirtschaft zum Bahnhof Gustav Reyen". Il était exploité avant la guerre par Charles Simon et son épouse Rosalie Rauch. Le bâtiment a été remplacé par la maison de M. Zimmermann.

- A Biberkirch, face à L'Eglise, se trouvait " L'Hôtellerie du Vieux Logis"

- A la maison forestière du Freywald un restaurant était aussi exploité. Ses antécédents sont décrits dans l'histoire de cette forêt.

- A l'entrée de Biberkirch il y avait le "Restaurant Römerpils ".

Il se trouvait sur la limite de Biberkirch et Troisfontaines. Le propriétaire était M. Collin dit "Chef". M. Collin était boucher et son magasin de vente était construit à coté du restaurant. L'abattoir était derrière le restaurant et la boucherie. Il n'est pas possible de connaître le constructeur et les exploitants avant Collin. Le restaurant avait l'enseigne "Römerpils" et en dessous le nom de l'exploitant du moment.

Les différents exploitants étaient:

August Kalk pendant trois ans de 1929 à 1933.

Gilbert Sour, éleveur de moutons, dont l'épouse Mathilde faisait aussi la vente de la viande.

Puis M. Peter et après lui sa fille Mme Chevrier.

Auguste Kalk a installé un jeu de quille sous un abri dans le jardin.

La grange et les étables furent transformés vers 1940 en salle de cinéma "Cinéma Rex" exploité par M. Firnbach de Sarrebourg.

L'abattoir a été transformé en salle de danse.

Le restaurant a été démoli en 1999.

Le restaurant a aujourd'hui changé de fonction. La Télé a contribuée à changer le mode de vie de la population. Les anciens clients ont trouvé dans leurs foyers le passe temps qui leurs manquait autrefois.

Du point de rencontre de la population masculine d'un village, il n'est plus aujourd'hui que le restaurant où l'on mange bien avec un petit accoté de boisson pour les passants.

La plus grande partie des restaurants qui n'ont pu s'adapter à cette nouvelle vie, ont dû fermer la porte, faute de clients. Les quelques-uns uns qui ont survécu, sont devenus des restaurants à clientèle importante, parfois spécialisés dans certains menus.

L'artisanat.

Dans l'artisanat actuel il faut faire mention d'une spécialité: "La distillerie artisanale du Castor"

Cette distillerie a été créée en 1989 par Patrick Bertin de Biberkirch, commandeur de la Fondation européenne.

Cette distillerie travaille actuellement avec deux alambics, mais un troisième de 260 lts a été installé en l'an 2000 dans un important agrandissement de l'entreprise. Patrick Bertin est très dynamique. Il a été primé au concours international des eaux de vie de fruit à Metz au titre de la gastronomie et du tourisme pour un vieux kirch 1990 et une mirabelle 1996.

Un petit magasin de vente nous présente les produits de l'entreprise:" schnaps", liqueurs et confitures. La distillerie est de plus en plus connue. Elle a eu la visite d'un voyage de presse avec sept journalistes dont "VTF Suisse", "France Inter" et "Canal Plus", en plus il y avait le "Journal du Conseil général de l'Ile de France", Détours France" le "Guide Michelin" et en plus un représentant de la presse Taiwanaise. Il s'agissait d'un voyage de "Nicols France" (Navigation de Plaisance).

Il s'agit d'un artisanat avec un vaste avenir.

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